Histoire de 1341 à 1900 (partie 1)
HILLION PENDANT
LA GUERRE DE SUCCESSION DE BRETAGNE
L’histoire de Hillion commence à se dessiner à cette époque grâce aux premiers documents écrits parlant de la ville ; Les Cronice Brioce ou les comptes de Gilles de Wyngreworth nous sont utiles pour comprendre et attester de l’importance de Hillion pendant la guerre de 100 ans. Les premiers écrits de la féodalité (montres, réformation, aveux) nous retracent aussi l’histoire économique et structurelle de la nouvelle paroisse.
Hillion, un territoire « anglais »
En 1337 débute en France la Guerre de cent ans, et presqu’en même temps (en 1341) commence en Bretagne une guerre qui durera jusqu’en 1364 pour la succession du duché de Bretagne. Les deux prétendants sont, d’une part Jeanne de Penthièvre, nièce du duc Jean III qui vient de mourir sans enfant, d’autre part Jean de Montfort demi-frère de Jean III.
Cette double guerre sera la cause de la plus grande épidémie de peste noire du Moyen-âge en 1348. Malgré l’absence de registres de décès de cette époque, on peut penser qu’à l’instar de ce qui s’est passé dans toutes les villes de Bretagne, Hillion n’a pas été épargné.
Jeanne de Penthièvre, dont le mari est Charles de Blois, prétend être l’héritière légitime en raison de la Coutume de Bretagne qui veut que le successeur soit le plus proche parent de la personne décédée, qu’il soit homme ou femme. Jean de Montfort estime qu’en raison de la loi salique (qui privilégie les héritiers mâles), il est le seul successeur. Jeanne de Penthièvre est soutenu par les français grâce à son mari, Jean de Montfort est soutenu par les anglais. Il faut rappeler que les liens entre bretons et anglais étaient forts depuis la conquête de l’Angleterre en 1066, où les bretons y détenaient de vastes domaines dont l’Honneur de Richmond.
Dans le nord de la Bretagne, le parti de Montfort ne dispose que de peu de places fortes. Les anglais occupent Bécherel et aussi Hillion qui devient un lieu stratégique important jusqu’à la fin de cette guerre. Arthur de la Borderie écrit " En Haute-Bretagne, les Anglo-Bretons n'avaient que quelques places, mais fortes et dans des positions bien choisies pour gêner le parti adverse: au coeur même de l'apanage de Penthièvre, pour dominer la baie de saint Brieuc, Hillion, forteresse élevée par les anglais en regard de la tour de Cesson". Le château de Lescobiche (ou Cabiche), forteresse médiévale attestée par le plan terrier (1785) à Saint René, situé entre le Cré et la rue du Châtel, pourrait être cette forteresse. Hillion est donc une place forte pour les anglais, et une compagnie dirigée par un capitaine y séjourne en permanence.
L’église Saint Jean-Baptiste (Fiche 020201), de type roman, et de style normand, présente un caractère défensif marqué avec ses hauts murs éclairés par d’étroites ouvertures en partie supérieure, et par une tour située à la croisée des transepts. Cette tour sert aux anglais pour faire le guet face à la tour de Cesson située de l’autre côté de la baie, tenue par les gens de Charles de Blois.
Pour financer leurs troupes, les anglais mènent la « guerre des rançons » qui ravage le Penthièvre. C’est grâce aux comptes du trésorier de Bretagne, Gilles de Wyngreworth, que nous pouvons connaitre les rançons demandées aux paroisses du Penthièvre, dont Hillion ponctionnée pour une somme de 10 000 francs
En 1364, Jean de Montfort (fils de celui qui avait commencé la guerre de succession, mort en 1345) remporte la bataille d’Auray qui est décisive, et devient le duc Jean IV. Mais le camp adverse poursuit les attaques, et les deux parties continuent de se combattre.
Olivier de Clisson est un grand seigneur partisan des Penthièvre, dont la tentative d’assassinat par le duc Jean IV a failli rallumer la guerre civile. Appuyé par des troupes françaises, il prend la ville de Saint-Brieuc, et s’y retranche, en particulier dans la cathédrale forteresse. Selon le Cronice Brioce d’Hugues Le Grand (1394), le duc Jean IV envoie une troupe de plus de 5 550 hommes à Hillion pour défier les troupes d’Olivier de Clisson en rase campagne. Ce dernier ne disposant que de 2000 hommes se garde d’aller au combat, et les troupes du duc se retirent.
A la mort de Jean IV, son fils Jean V règne sur la Bretagne. La paix s’installe mais est mise à mal par les ambitions des seigneurs de Clisson (héritiers des Penthièvre) qui s’emparent de Jean V en 1420. Celui-ci est libéré par une armée levée par sa femme. En représailles de cet enlèvement, le château et les murailles de la ville de Lamballe sont détruits. Il semblerait que ce soit également à cette date, et probablement pour la même raison, que le château de Lescobiche (Cabiche) ait été rasé (hypothèse à confirmer). En 1425, tous les domaines des seigneurs de Clisson leur sont confisqués. (Fiches 030301, 210126, 210130)
Noblesse, châteaux et manoirs aux XIVe et XVe siècles
A ces événements tumultueux succéderont un siècle et demi de relative tranquillité qui favoriseront Hillion à l’époque d’une Bretagne florissante.
Les trois châteaux que compte la commune sont rénovés et embellis à cette époque : Les Aubiers appartenant à la puissante famille Dollo, Les Marais fief des De la Villeon, et Bonabry (qui a peu changé depuis le XVIème) appartenant en 1500 aux Le Nepvou.
A cette époque existait un autre château, aujourd’hui défini comme manoir, situé à Carbien, appartenant à la famille Bertho.
Les manoirs de Hillion sont tous construits ou rénovés aux XVème et XVIème siècle par des seigneurs locaux, propriétaires de nombreuses terres : La Ville Pépin au Vicomte du Fou, Les Portes qui appartenait aux De Pledran, la Porte Roy fief des Hillion, Les Etangues aux Leforestier, La Ville Pierre aux Lenoir, les Chauchix aux Roquet, et le manoir du Clos à la grande famille Guéguen.
(Fiches 010101, 010102, 010103, 010201, 010202, 010205, 010206, 010208, 010209, 010210, 010212, 010214, 210213)
Un illustre évêque hillionnais
Un membre de cette famille, Guillaume Guéguen est évêque à St Brieuc de 1297 à 1302. Un autre Guillaume Guéguen, né au manoir du Clos, a un rôle très important dans l’administration de la Bretagne puisqu’il est secrétaire du duc François II et devient évêque de Nantes en 1488 où se trouve encore son tombeau. Il sera l’ambassadeur de la Bretagne auprès des rois Louis XI et Charles VIII. ( fiche 010301)
La montre de 1480
L’administration bretonne réalise au XVe siècle des révisions des feux – des réformations générales (1426) ou particulières (1441...) – puis au XVIe siècle des enquêtes d’exempts de fouages(1513,1535).
Par ailleurs, les nobles et tenants de fiefs nobles devant le service militaire à leur suzerain (duc de Bretagne puis roi de France), l’arrière ban est convoqué régulièrement à cette époque lors de montres générales (1480, 1569...). Ces revues militaires se tiennent à Lamballe, Moncontour ou à Saint-Brieuc pour ce qui concerne cet évêché.
Cette publication (la montre) reprend les rôles confectionnés à ces occasions parvenus jusqu’à nous. Ils nous livrent de nombreuses informations d’ordre onomastique, généalogique et historique, notamment en faisant resurgir les patronymes et qualités des personnes (nobles, anoblis, contributifs), les noms des terres et constructions (métairies, maisons, manoirs), l’armement et le niveau de revenu des sujets aux armes.
A Hillion on peut connaitre très exactement ces informations pour les 28 nobles de la paroisse. Ainsi Jean de Hillion a un revenu de 100 livres et est porteur d’une brigandine et d’une vouge. Henri Dollo a 20 livres de revenu et comparait en archer, et Olivier de Pledran qui n’a que 8 livres de revenus est porteur d’un paltoc et d’une jusarme. (fiche 210213). Ces armes sont présentées ci-après.