Histoire de 1341 à 1900 (partie 4)
Hillion pendant la révolution
Les années 1792-1804 n’ont pas « révolutionné » Hillion. Certes, l’ancienne paroisse se transforme en commune, certaines pratiques de l’ancien régime sont dénoncées et la vie municipale se politise. Mais quasiment sans bruit ni violence, ces douze années semblent identiques aux douze précédentes et à celles qui suivront. Hillion ne se singularisera pas par son zèle révolutionnaire, ni par une chouannerie excessive. Pas d’enrichissement avec la vente des biens nationaux, pas de combats entre « bleus » et contre-révolutionnaires. Seule l’exécution de l’Abbé Meheust et l’attaque de la malle-poste émailleront cette période en termes de journalisme.
Hillion pendant la révolution
La paroisse d’Hillion compte 1835 habitants en 1789. Beaucoup sont « laboureurs ». Mais on trouve des menuisiers, tonneliers, maréchaux, couturiers, aubergistes, meuniers, tisserands etc… Les plans terriers datant de 1785, ancêtres des cadastres, nous apprennent beaucoup de choses sur les terres, l'habitat, les éléments naturels (fontaines, puits, doués, etc..) ainsi que sur les propriétaires de l'époque et de l'origine des biens parfois depuis 1492 (cf fiche 210201).
La majeure partie de la population est illettrée. La mortalité infantile est importante : un enfant sur 5 décède dans sa première année.
La noblesse est composée de 10 seigneuries réparties entre quatre familles nobles : De Chapdelaine (château des Marais), De la Noue (château des Aubiers), De la Chasse (manoir des Vergers) et De Bouilly de Turcan à Bonabry, Lesmelleuc, La Ville Pépin, La Ville Pierre et Carbien, probablement la famille la plus importante et qui fera parler d’elle pendant les années suivantes.
En 1789, les paroissiens qui sont délégués du Tiers-Etat pour représenter la commune lors des Etats Généraux sont Marc Jaffrelot et Gilles Séradin. Leur mission est de défendre le droit de rouir le lin dans les rivières une pratique qui pouvait être révoquée). (cf fiche 210223)
En 1790, l’assemblée constituante divise la Bretagne en 5 départements. Celui des Côtes du Nord est divisé en 9 districts, et chaque district en 9 cantons : Hillion fait partie de celui d’Yffiniac.
Les communes maritimes comme Hillion doivent particulièrement surveiller les côtes (cf fiche 210307). Le 26 octobre 1790, un embarquement d’émigrés est empêché par Julien Heurtel à Lermot. Parmi eux, un hillionais le débitant de tabac qui tient une cassette pleine d’argent.
Le Conseil municipal se réunit dans la sacristie et remplace en fait l’ancien Conseil de fabrique. Il doit percevoir les contributions, gérer les budgets et s’occuper de la voirie. La municipalité a également un pouvoir de police.
Le directoire du district se plaint fréquemment entre 1792 et 1794 de l’évolution des esprits favorables aux chouans. Des ordres sont donnés pour arrêter tel ou tel citoyen. La municipalité d’Hillion collabore peu, étant plutôt favorable aux royalistes.
La comtesse Bouilly de Turcan, à Bonabry, est suspectée d’influencer les gens simples, de même les demoiselles de la Noue. On les assigne donc à résidence loin d’Hillion (à Saint-Brieuc !)
En 1794, une souscription est organisée pour fournir un vaisseau de guerre à la République. Les communes du département ne sont pas très généreuses, à l’instar d’Hillion qui ne donne…rien !
L’abbé Méheust
En juillet 1790, l’Assemblée nationale vote la constitution civile du clergé. A Hillion, le recteur Julien Poret refuse de signer la constitution ce qui entraîne sa révocation. Tous les prêtres d’Hillion (dont l’abbé Pierre-Jean Méheust) refusent également de signer.
Les nouveaux prêtres sont appelés prêtres constitutionnels. Les prêtres réfractaires passent dans la clandestinité, prêchant et administrant les sacrements de manière cachée, ou émigrent (comme Julien Poret ou l'abbé Pierre Méheust).
L’abbé Pierre Jean Méheust, qui est revenu de Jersey en 1797, exerce son ministère en cachette. En février 1800, une colonne mobile le recherche et le découvre caché à la Ville Gourio en Morieux. L’abbé Méheust demande à être conduit à Hillion. Il est fusillé près de Bourboutel. Son enterrement est la première cérémonie en l’église d’Hillion rendue au culte.
Une croix évoque cet événement. Le calice de l’abbé fait partie du trésor de l’église. (cf fiche 020302), ( cf fiche 020809)
L’attaque de la malle-poste
Le 2 novembre 1797, la malle-poste est pillée à l’arrêt de la Forge-Brûlon en Saint-René. Devant l’impossibilité de trouver les coupables, les citoyens les plus riches d’Hillion sont mis à contribution pour payer l’amende. Le maire fait opposition au jugement et l’affaire est classée. Il semblerait toutefois que la chouannerie était impliquée et que ce soit Duvicquet et ses hommes qui aient attaqué la diligence, emporté la correspondance et un précieux butin , renouvelant l’acte quatre ans plus tôt de Boishardy presque au même endroit. ( cf fiche 210304)
Avec l’affaire de l’abbé Méheust et cet acte de banditisme, la période révolutionnaire s’achève à Hillion pour laisser place au XIXème siècle qui sera celui de profonds changements économiques.